Vendredi 28 nov. 2025 - DAGUERRE - PARIS
Ludovic-Napoléon , vicomte LEPIC (1839-1889)
Un grand duc au clair de lune
Toile d'origine
163 x 122 cm
Signé en bas à gauche, cachet du marchand de toiles Deforge et Carpentier, 6 rue Halevy, actif entre 1856 et 1869.
Petits manques et accidents
Estimation : 6 000 - 8 000 €
Les vies multiples et les talents éclectiques de Lepic ont fait l’objet d’une exposition au Musée Opale Sud de Berck-sur-Mer en 2013 [1]. Formé chez Gustave Wappers, Charles Verlat, Charles Gleyre et Alexandre Cabanel il se consacre à la peinture animalière et la gravure, surtout à l'eau-forte, technique qu’il perfectionne en inventant le procédé de l'eau-forte mobile. Ce parcours naturaliste change radicalement vers 1870 où ce monde en noir et blanc s’enrichit de couleurs.
De 1867 à 1872, il voyage successivement en Hollande, en Italie, entreprend des fouilles en Savoie et crée le musée d’Aix-les-Bains. Ami de Degas depuis plusieurs années, il participe à la première exposition impressionniste, chez Nadar en 1874, et à la deuxième, chez Durand-Ruel, rue Le Peletier en 1876. A plusieurs reprises, il servit de modèle à Degas, pour un pastel, puis sur toile accompagné de ses filles (Kunsthaus de Zurich, Collection Emil G. Bührle -1870-, et Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage -1875-). De 1873 à 1883, il passe la moitié de l'année entre Cayeux et Berck où il peint de nombreuses plages et marines sur le motif,
Le point de vue en léger surplomb, permet à notre grand-duc de se détacher sur la pleine lune derrière lui. En dessous de la fourche de l'arbre, une rivière coule où se profile la silhouette d’un dolmen, rappelant les fouilles et les recherches sur la préhistoire qu’a menées l’artiste. Notre toile s'inscrit dans la fin du romantisme, utilisant les poncifs de ce mouvement : le nocturne mystérieux, la nature qui échappe à la civilisation, l'animal sauvage solitaire. Nous pénétrons dans une forêt de branches et ronces entrelacées, évoquant les contes et légendes celtiques, la forêt de Blanche-Neige, de Hansel et Gretel et du Petit Chaperon rouge. Le grand-duc apparait bienveillant, contrairement à ceux souvent associés aux sorcières et démons, quand ils nous fixent avec leurs yeux orange perçants. L'ensemble évoque les oeuvres de Caspar-David Friedrich, du romantisme allemand (fig.1), ou de façon plus contemporaine l'aquarelle de Gustave Doré (collection particulière).
Nous pouvons rapprocher cette grande toile d’autres représentations de rapaces par Lepic : une Chouette à l’aquarelle (Paris, Galerie la Nouvelles Athènes, fig.2) et un hibou sur une gravure de 1869 titrée Le Destin. Notre tableau était peut-être celui montré par l'artiste dans une exposition rétrospective au Palais de l'Industrie, organisé par le musée des Arts décoratifs. en 1883, sous le n°25 "Le Grand-Duc" (page 2).
Notre tableau sera inclus au catalogue raisonné de l'artiste en préparation par Thierry Zimmer. Il situe notre tableau vers 1865-1870.
[1] Ludovic Napoléon Lepic 1839 - 1889, "Le Patron", Berck-sur-Mer, Musée d'Opale-Sud, 7 juin-30 décembre 2013, catalogue par Thierry Zimmer , Musée d'Opale-Sud, Berck-sur-Mer.