Mercredi 18 juin 2025 - ADER NORDMANN & DOMINIQUE - Paris

Louis FINSON (Bruges, 1580 - Amsterdam, 1617)

Saint Sébastien

Toile

147.5 x 114.5 cm

Signé et daté en bas à gauche "ALOISIUS . FINSONIUS / FECIT . ANO . 1612 "

Restaurations anciennes

Sans cadre

Estimation : 40 000 - 60 000 €

Provenance :

Collection particulière, Marseille ;

Acquis en 1994.

 

La composition de notre peinture inédite, signée et datée de la période napolitaine de l’artiste, était déjà connue par d'autres versions très similaires et non signées. L'une d'elle est conservée à la primatiale Saint-Jean de Lyon (165 x 115 cm), tandis qu’une autre se trouvait entre 2016-2019 à la galerie d'Alberto di Castro, Piazza di Spagna, à Rome (157,5 x 124,5 cm). L’artiste a souvent représenté ce même sujet, parfois sous un autre format [1] et dans le Martyre de Saint Sébastien, attaché par les bourreaux à l’Église de Rougiers (Var). 

Notre saint Sébastien est fortement marqué par le réalisme caravagesque et peut être daté juste après l'Allégorie des quatre éléments de la Sarah Campbell Blaffer Foundation - the Museum of Fine Arts-, Houston, et juste avant Samson et Dalila, au Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Formé dans sa ville natale, peut-être dans l'atelier paternel, Louis Finson se rend à Rome au début des années 1600, avant d'être documenté à Naples en mars 1605. Partageant un atelier avec Abraham Vinck (1574/1575-1619), ils accueillent en 1607 Caravage en cavale depuis Rome, suite au meurtre qu'il a commis. Durant son séjour napolitain jusqu'en 1612, l'artiste reçoit notamment la commande d'une Annonciation (Musée de Capodimonte). Au début de l'année 1613, il part pour Rome avant d'arriver à Marseille, au plus tard le 27 février de la même année, accompagné du peintre Martin Faber (1587-1648). Sous la protection de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, il réalise des portraits et des tableaux religieux pour plusieurs villes de Provence (Arles, Aix). Son périple se poursuit à Toulouse en 1614-1615, puis à Paris en 1615, avant de s'achever à Amsterdam en 1616.

Saint Sébastien est un sujet privilégié de la Renaissance et de la Contre-Réforme, après le concile de Trente, protégeant de la peste. Le soldat romain est plus ou moins criblé de flèches, selon les peintres. Dans notre cas, Finson choisit de les représenter toutes parallèles. En outre, son visage est renversé en arrière dans une extase baroque, suivant le goût de l’artiste pour des images fortes, déconcertantes, riches en émotion et en mouvement. Ses tableaux témoignent d'une connaissance profonde du style du Caravage napolitain, comme le montre notre toile, qui développe un clair obscur fortement contrasté, à reflets de bronze pour la peau de sa figure, un certain expressionniste outrancier et un goût pour des images spectaculaires destinées à frapper le spectateur.

[1] Didier Bodart avait observé une certaine propension de Louis Finson à représenter Saint Sébastien (Bodart, Louis Finson (Bruges, avant 1580-Amsterdam 1617), Bruxelles, 1970). Parmi les tableaux mentionnés, il cite une œuvre qui aurait appartenu à J. P. Roux à Marseille, vendue en 1866. Un autre tableau similaire est décrit par Philippe de Chennevières-Pointel en 1847. Enfin, l'inventaire de Marcantonio Filomarino de 1634 indique « Un S. Sebastiano del Finzone », de format horizontal passé en vente au Dorotheum, le 24 avril 2018, lot 91.