Mardi 01 avr. 2025 - AGUTTES NEUILLY - Neuilly sur Seine
Gabriel REVEL (Château-Thierry, 1643 - Dijon, 1712)
Portrait de femme au drapé rose
Toile
90.4 x 72.5 cm
Signée et datée en bas à gauche REVEL. 1706
Estimation : 5 000 - 7 000 €
Nous remercions Dominique Brême d'avoir confirmé l'attribution à Gabriel Revel dans un email en date du 26 décembre 2019.
Originaire de Château-Thierry, Gabriel Revel est le fils d'un peintre verrier dont il reçoit un premier enseignement. Dans les années 1658-1660, il intègre l'atelier de Charles Le Brun (1619-1690) alors que celui-ci est occupé par le chantier de Vaux-le-Vicomte, commandé par le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet (1615-1680). Dominique Brême note qu'il se passe ensuite une dizaine d'années avant que le nom de Revel ne réapparaisse, sans doute le temps pour lui de parfaire sa maîtrise de la peinture mais et surtout, d'intégrer parfaitement la manière de son professeur. Aux côtés de François Verdier (1651-1730), Claude II Audran (1639-1684) ou François Bonnemer (1638-1689), il fut de ces élèves de Le Brun à avoir tant et tant intégré la manière de leur maître qu'ils étaient parvenus à pouvoir l'imiter à la perfection.
Entre 1672 et 1675, l'auteur de notre portrait passe peut-être par Rome, quoiqu'aucune source ne puisse l'attester. En revanche, il fait un premier court séjour à Dijon où sans doute, noue-t-il de premières relations avant qu'il ne décide de s'y installer définitivement en 1690 et d'y diffuser le goût « Grand Siècle ».
Pour Revel, fidèle émule de Le Brun et dont le rôle tenait plus à l'imitation qu'à une assimilation réinterprétable de l'enseignement du maître, le portrait fut pour lui le moyen d'exprimer sa propre manière. C'est d'ailleurs en qualité de portraitiste qu'il est reçu l'Académie royale en 1683 avec un portrait de François Girardon (Fig. 1). Brême toujours, note un air commun de « bonhommie » chez tous les modèles du peintre champenois, ce que l'on retrouve ici avec l'imperceptible sourire du modèle de notre tableau.
Placée en buste de trois-quarts, la torsion du haut du corps dynamise la posture et rompt avec la verticalité de la colonne en arrière-plan. L'ouverture sur l'horizon permet de faire respirer la composition et de lui donner de la profondeur malgré le plan resserré autour de la jeune femme.
Le Castelthéodoricien maîtrise les diverses textures de chacun des tissus, depuis le satiné cassant de la soie, à la douceur du velours vert jusqu'à la légèreté de la dentelle bordant sa gorge. Sans idéaliser son modèle, le peintre lui confère une certaine grâce dans le mouvement de bras retenant délicatement le large tissu rose, douceur que l'on retrouve dans le visage sans froideur, les joues légèrement rehaussées d'une teinte chaude.
Portraitiste de talent, Gabriel Revel montre qu'il a retenu la leçon de Charles Le Brun dans l'exécution de ce portrait répondant parfaitement aux codes classiques du genre, étroitement définis par l'Académie.