Mardi 22 oct. 2024 - PICHON & NOUDEL-DENIAU (Azur Enchères) - Cannes

François André VINCENT (Paris, 1746 - 1816)

Portrait de Jules Robert Auguste (1789-1850)

Toile

64.5 x 54.5 cm

Signé et daté en bas vers la droite: Vincent 1795. Etiquette manuscrite au dos : Jules Robert Auguste/ sculpteur grand prix de l'institut / né  à Paris en 1789 mort non / marié en 1850

d'origine en bois mouluré doré d'époque Empire

Estimation : 60 000 - 80 000 €

Provenance :

Marie Cecile Coustou (1825-1906) arrière petite fille de Charles Pierre Coustou épouse Gustave Brochant de Villiers (1811-1864) puis par descendance.


Exposition : Paris, Salon de 1795, n°529 : "Deux portraits d’enfans" (sic)

Bibliographie

- Chaussard, Le Pausanias français ; état des arts du dessin en France, à l'ouverture du XIXe siècle : Salon de 1806, Paris, F. Buisson, 1806, p.107, (édition 1863, p.45).

- Jean-Pierre Cuzin: François-André Vincent, 1746 - 1816, entre Fragonard et David, Arthéna, Paris, 2013, p.497, n°*637P ou *638P (tableaux disparus) : "Dans sa notice sur Vincent, Chaussard mentionne les portraits "des fils de M. Auguste". Il semble bien s'agir de deux tableaux distincts. S'agit-il du même "Monsieur Auguste" à qui Vincent avait offert en 1782 un dessin de l'Enlevement d'Orythie ?"...

 

 Au XVIIIe siècle, un nouveau regard est porté sur l’enfance, ce qui détermine de nouvelles modalités de représentation de celle-ci. Les philosophes des Lumières, comme Jean-Jacques Rousseau, développent une conception moderne qui met fin au déni séculaire dont cette période faisait l’objet : l’éducation, la pédagogie, l’épanouissement et l’éveil des enfants sont nouvellement pris en compte. Les portraits d’enfant n’ont plus seulement une fonction généalogique. Ils sont représentés pour eux-mêmes, de façon autonome, et dans des activités de leur âge. Ainsi, de nouveaux thèmes apparaissent ; parmi lesquels l’enfant faisant un caprice (Nicolas-Bernard Lépicié, Lyon, Musée des Beaux-Arts.), dessinant (Nicolas-Bernard Lépicié, Paris, Musée du Louvre ; François-Hubert Drouais, Paris, Musée du Louvre ; Catherine Lusurier, Paris, Musée du Louvre ; Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun, collection particulière), jouant avec une poupée (Jean-Baptiste Greuze, Collection particulière ; Jean-Baptiste Greuze, Montauban, Musée Ingres ; Antoine Vestier, Avallon, Musée de l’ Avallon) ou son animal de compagnie (Henry-Pierre Danloux, collection particulière). Cette opposition entre l’ancienne et la nouvelle représentation de l’enfance est bien visible dans composition du Comte Pierre Jean de Bourcet et sa famille de Claude-Paul de Landon (1791, Grenoble, Musée des Beaux-Arts) dans laquelle un portrait officiel d’enfant est accroché dans une pièce où d’autres jouent. Jusqu’au tournant du XIXe siècle, des continuités avec le thème de notre œuvre s’observent. Le dessin d’enfant que le Jeune enfant étudiant son rudiment (1800, Paris, Musée du Louvre) de Girodet tient montre que la persistance de la thématique de la psychologie infantile.

Fils d’Henry Auguste, Jules-Robert Auguste a connu une trajectoire à la hauteur de la célèbre famille d'orfèvres dont il est issu. D’abord sculpteur, il a été formé, de 1806 à 1810, à l’École des Beaux-Arts auprès de François-Frédéric Lemot et Pierre Cartellier. La fin de son cursus est marquée par le grand prix de Rome qu’il remporte en 1810 grâce à la composition réalisée sur le thème d’Orthyadès blessé à mort écrivant sur son bouclier. Il a donc la chance de pouvoir continuer à approfondir et à mettre en pratique sa formation, de 1811 à 1814, à la Villa Médicis. Si la période romaine de Jules-Robert Auguste est déterminante, en raison notamment de sa rencontre avec Ingres, c’est lorsqu’il est de retour à Paris, en 1816, que sa carrière connaît un second souffle. Sa rencontre avec Géricault en 1816, motivée par leur passion commune des chevaux, le conduit à préférer l’aquarelle et le pastel à la sculpture. C’est en 1820 qu’il en finit définitivement avec les arts tridimensionnels et qu’il peut être considéré comme un véritable peintre. La contribution de celui qu’on appelle aussi Monsieur Auguste à ce domaine est considérable : en plus d’avoir été à l'origine de la redécouverte de l'art français du XVIIIe siècle et de figures comme Watteau, Pater, Lancret, il a aussi été un incubateur de l’orientalisme en France. Les études, comme les étoffes, les armes et les bibelots qu’il a ramenés de ses voyages en Grèce, en Proche-Orient, au Maghreb ou en Asie Mineure ont, en effet, permis à Delacroix et aux jeunes artistes romantiques qu'il réunissait chez lui de découvrir les pays du Couchant et du Levant. 

Deux dessins représentant Jules Robert Auguste de profil, par Henri Auguste sont conservés au musée d'Orléans ( Le trait et l'ombre, dessins français du musée des Beaux Arts d'Orléans 2022, cat. n°152 p. 362-363).