Mardi 26 nov. 2024 - DAGUERRE - Paris
BIAGIO DI ANTONIO TUCCI et son atelier Florence 1446-Rome après 1508
Vierge à l'Enfant avec un ange
Panneau de bois tendre, parqueté
Restaurations anciennes
Restaurations anciennes, petits manques en haut
Sans cadre
Estimation : 8 000 - 10 000 €
H. 52,5cm : L. 40,5cm , Epaisseur : 1,4cm
ETAT
Panneau : aminci et renforcé au revers par un parquet en bois fixe, Traces de galeries ouvertes
d’insectes xylophages. Fentes à 5cm du bord gauche, au milieu et en bas
Surface picturale : soulèvements visibles dans le haut du panneau ; usures et restaurations
particulièrement dans le manteau de la vierge et le visage de l’ange.
Sous un ciel lumineux mais menaçant, la vierge reçoit dans ses bras l’Enfant que lui tend l’ange.Vus
aux trois-quarts, ces deux personnages se tiennent debout tandis que l’enfant à moitié nu jouant avec le
voile de sa Mère, est maintenu assis entre eux deux. L’ange regarde le spectateur, alors que la Mère et
l’Enfant échangent des regards de tendre complicité.
Ce panneau de dévotion intime, inédit, s’inspire probablement de l’œuvre de Filippo Lippi (1406-
1469) (Florence, Musée des Offices) et influença le jeune Biagio di Antonio dans ses premières
années d’activité vers 1468 où il subit l’emprise d’Andrea Verrocchio en fréquentant son atelier.
Devenu maître, Biagio séjourna en Romagne, à Faenza, où il est signalé de 1476 à 1483, puis en 1504.
Ses œuvres ont longtemps été labélisées sous les noms de Benedetto Ghirlandajo ou d’Andrea et
Giovanni Battista Utili, peintres de Faenza, dénomination conservée dans les dernières listes de
Berenson 1 malgré les études documentaires menées par C. Grigioni en 1935 retrouvant la véritable
identité de l’artiste 2 .
De son expérience de jeunesse Biagio retient la marque incisive et vigoureuse de Verrocchio, ici
sensible dans les visages aux hauts fronts dégagés et les regards aux paupières sinueuses, ou dans les
veines des mains aux longs doigts fuselés. Les drapés aux plis foisonnants, le coloris vif et brillant où
le noir et le rose exaltent la blancheur des carnations, la subtile ornementation des accessoires
vestimentaires et des auréoles et celle quelque peu fantaisiste de la coiffure de la vierge, évoquent le
travail orfévré d’un artiste minutieux dont Biagio put s’imprégner devant les œuvres de Verrocchio.
Ces caractères se retrouvent dans les premières œuvres de l’artiste comme dans l’Histoire des
Argonautes ornant deux cassoni, (coffres de mariage, New York, Metropolitan Museum inv. 09.136.1
et.2) dont l’un est attribué à Biagio d’Antonio et l’autre au Maître des Argonautes 3 . Sans doute, ce
1 B. Berenson, Italian Pictures of the Renaissance, Florentine school, Londres 1963, vol. I, p. 209-212
2 Cf.biographie et bibliographie de Biagio d’Antonio, in R. Bartoli in La Pittura in Italia, Il Quattrocento, 1986, vol. II, p. 583-
584 ad voc ; idem, Biagio d’Antonio, Milan, 1999
3 Cf. F. Zeri, E. Gardner The Metropolitan Museum, Italian Paintings, Florentine School, New York 1971p. 142-145, fig. p.
144 ; E. Fahy, « The Argonaute Master » Gazette des Beaux-Arts, vol. CXIV, décembre 1989, p. 285-299 ; R. Bartoli, op.
cit.1999, cat. 11a,11b, p.182-183, figs, p.148.
2
Ce dernier aida-t-il Biagio dans l’exécution de notre panneau ?, car l’expression rêveuse de la Madone,
celle évasive de l’ange ainsi que le dessin nettement appuyé et anguleux des visages aux joues rosées,
sont l’apanage des nombreuses Vierges à l’Enfant attribuées à ce maître encore anonyme
On pourra replacer la réalisation de notre panneau dans l’atelier de Biagio, autour des années 1468-
1470 avant que ce dernier ne collabore avec Jacopo del Sellaio en 1472.