Mardi 26 nov. 2024 - ADER NORDMANN & DOMINIQUE - Paris
Attribué à Claude MELLAN (1598 - 1688)
Portrait d'une courtisane
Toile
98 x 72.5 cm
Restaurations anciennes
Estimation : 40 000 - 60 000 €
Provenance :
Vente anonyme, Paris, Hôtel George V (Ader, Picard, Tajan), 22 juin 1990, n° 101 (Claude Mellan).
Bibliographie :
M. Préaud, "Claude Mellan incisore", dans le catalogue de l'exposition Claude Mellan, gli anni romani, un incisore tra Vouet e Bernini, Rome, 1989-1990, p. 73 ;
L. Ficacci, "Ipotesi su Mellan pittore" dans le catalogue de l'exposition Claude Mellan, gli anni romani, un incisore tra Vouet e Bernini, Rome, 1989-1990, pp. 365-366 et p. 371 note 19, reproduit p. 365 ;
Catalogue de l'exposition Simon Vouet (les années italiennes 1613/1627), Nantes, Musée de Beaux-Arts, Besançon, Musée des Beaux-Arts, 2008- 2009, cité p. 197.
Célébré comme le plus grand graveur français du XVIIe siècle pour ses estampes virtuoses, telles que La Sainte Face du Christ, il est aussi documenté que Claude Mellan a été peintre. Les actes d’état civil le qualifient de « Peintre et Graveur du Roy ». L’inventaire Barberini de 1631 cite plusieurs tableaux de sa main. Sandrart qui le connu à Rome, ainsi que Charles Perrault, le citent comme tel et plusieurs de ses gravures portent la lettre in (venit) pinx (it) sculp (sit), preuve qu’il a bien peint. On a autrefois émis l’hypothèse, aujourd’hui abandonnée, qu’il soit l'auteur de l'Hérodiade au Musée Fabre à Montpellier. Sylvain Kerspern a proposé de lui rendre trois toiles à sujets religieux et mythologiques.
Notre tableau s’inscrit clairement dans l'entourage de Simon Vouet à Rome. Mellan arrive dans la capitale pontificale dès 1624 et retourne en France en 1636. Ce portrait d’une "beauté" fait référence à celui d’une célèbre courtisane Fillide Melandroni peinte par Caravage, détruit au musée de Berlin en 1945, tandis que la pose reprend celle de la Fornarina de Raphaël (Rome, Palais Barberini). Mellan module ici le clair-obscur caravagesque : le contraste des tonalités brunes, rouges, est rompu par la blancheur du vêtement. La jeune femme porte un somptueux châle de soie, brodé de fils d’or et d’argent, minutieusement cousus en motifs circulaires qui épousent la forme du tissu. Ce foulard met en valeur l'élégance de son geste, ses doigts délicatement posés ; tandis que son regard intense et direct évoque les portraits du Caravage.
On peut rapprocher notre modèle de l’Etude de femme nue à la sanguine de Mellan conservée au Nationalmuseum de Stockholm (fig 1, Sanguine, 14,1x10,9 cm) dans laquelle on remarque le même type féminin et cette manière indocile de dessiner les cheveux. D'autre rapprochements avec ses gravures sont possibles et, en particulier, avec Loth et ses filles dans lequel les mouvements du drapé et les mains effilées sont similaires.