Lundi 11 nov. 2024 - BAYEUX ENCHERES - Bayeux

Alexandre ROSLIN (Malmö 1718 - Paris 1793)

Portrait de Jean Charton (mort en 1793) et de son épouse Angélique-Catherine, née Chauchat (1759-1849)

Paire de toiles

73 x 59 cm

les deux signés: Pt par le Chev. Roslin / 1781

Accidents et restaurations anciennes

en bois sculpté doré d'époque Louis XVI

Estimation : 20 000 - 30 000 €

Alexandre Röslin (1718-1793) est l'un des portraitistes les plus importants du XVIIIe siècle, particulièrement reconnu pour ses représentations raffinées de l'aristocratie européenne. Né à Mälmo en Suède, et après une décennie de voyages entre l'Italie et l'Allemagne, il s'installe à Paris dès 1752. Röslin intègre rapidement l'Académie royale de peinture et de sculpture et devient l’un des artistes favoris de la cour française. Ses œuvres se distinguent par la précision de ses détails, la finesse de ses textures, notamment dans les étoffes et les parures, ainsi que par sa capacité à capturer la vivacité et la noblesse de ses sujets.  Nos tableaux représentent Jean Charton (1749-1794) et son épouse Angélique-Catherine Charton, née Chauchat (1759-1849). Issu d'une famille lyonnaise et l'une des principales maisons soyeuses de son époque, Jean Charton obtient le titre de Fabricant du Roi en 1776. Après deux siècles durant lesquels les soyeux lyonnais suivaient la mode étrangère, principalement italienne, ils s'émancipent au XVIIIe siècle, s'engageant dans une course à l'innovation et au renouvellement constant. À cette époque, le centre européen de la mode est Paris, où tous les grands fabricants lyonnais ont au moins un représentant pour être toujours au fait des dernières tendances de la cour. La famille Charton profite directement de cet âge d'or de la soie et assure la majeure partie des commandes du garde-meuble royal entre 1741 et 1782.
 
Ami proche et partisan de Gilbert du Motier de La Fayette (1757-1834), Jean Charton devient en 1791 le commandant en second de la Garde nationale. Sa fidélité à Lafayette et son soutien réitéré au roi Louis XVI lors des insurrections révolutionnaires lui attirent la colère et la haine des jacobins. Après la démission de Lafayette de la Garde nationale, la chute de la monarchie en 1792 et l'exécution du roi en 1793, Jean Charton se retrouve politiquement exposé et est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire (réquisitoire de Fouquier-Tinville, Archives Nationales W 397921). Il est exécuté le 26 juin 1794 à la barrière du Trône, dans le 12e arrondissement de Paris, à l'âge de 45 ans, et inhumé dans une fosse commune au cimetière de Picpus, également dans le 12e arrondissement.
 
Angélique-Catherine, quant à elle, mène une longue vie active et décède en 1849 à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Elle est, avec la marquise de Montagu, l'une des membres fondatrices du comité ayant acquis le cimetière de Picpus comme lieu de mémoire. Au cours de la dernière décennie de sa vie, elle devient présidente de la Société de Picpus.