Wednesday 11 Jun 2025 - TAJAN - PARIS
Marie Eléonore GODEFROID (Paris 1778 - 1849)
Portrait des soeurs Louise Christine et Louise Emilie de Lafontaine
Toile d'origine (Haro)
51 x 61 cm
<p>Inscriptions sur le châssis et étiquette ancienne</p><p>Etiquette sur la gauche du cadre : « Portraits peints par M.ell Gadeprin élève préférée de Gerard ayant travaillé avec lui à tous ses tableaux du Louvre et autres qui ont fait sa célébrité » / « Exposé sous le n. 595 Salon des … 1822 ». </p><p>Inscriptions sur le châssis : « Exposé en 1833 » / « 1821 » / « Peint par M.elle Godefroy Eleve … la fontaine, fille d’une ancienne élève de DAVID » </p><p>Etiquette sur le châssis : « Dame au corsage rouge. Louise Christine Emilie Léonide Delafointaine née à Paris en 1803 décédée à S. Mandé le 25 janvier 1885 à l’âge de 82 ans, mariée à Constant Fenelon Tellier, Chef des bureaux de la marie du 9° arrondissement né à Paris en 1790 décédé à Neully le 9 mars à l’âge de 80 ans. Mère de Ernest Tellier. grand-mère des familles Bardoux. arrière-grand-mère familles denouvel. varenne Caillard » / « Dame au corsage blanc. Louise Emilie Delafointaine née à Paris en 1865 décédée à Paris … à l’âge de 95 ans mariée … Blondel peintre d’histoire … l’institut décédé à Paris le … l’âge de 71 ans – a peint pla… peintures à Notre Dame de Lorette… Tous les descendants peuvent … et s’honorer du titre de … et de Bourgeois de Paris » </p><p><br></p>
Ancient restorations
en bois et stuc doré à palmettes, d'époque Restauration
Estimate : 30 000 - 40 000 €
Provenance :
Toujours resté dans la famille par descendance.
Exposition :
Salon de 1822, n° 595 ("Portrait de deux jeunes personnes dans le même tableau").
Fille du peintre et restaurateur du roi François-Ferdinand-Joseph Godefroid de Veaux, Marie-Eléonore a le privilège de passer son enfance au palais du Louvre. Alors qu'elle n’a que dix-sept ans, elle intègre en 1795 le pensionnat de jeunes filles dirigé par Mme Campan à Saint-Germain-en-Laye en tant que professeure d'arts, grâce a ses talents de dessinatrice et de musicienne. Onze ans plus tard, lorsque l’établissement est transféré à Ecouen, elle décide de rentrer à Paris et d’y faire carrière. Elle se perfectionne auprès de deux élèves de David : Jean-Baptiste Isabey et François Gérard. Elle devient l’amie de ce dernier, travaille à ses cotés à partir de 1805 et s’installe à son domicile en 1812. Leur collaboration est si proche, qu'elle adopte non seulement son esthétique, mais dirige également l’atelier, allant jusqu’à signer certaines œuvres en son nom durant ses absences.
Elle réalise des copies des portraits de Gerard comme le Portrait de Germaine de Staël (Château de Versailles) d'après la version de son maître de 1817. Elle excelle par ailleurs dans la représentation de l’enfance comme dans Les fils du maréchal Ney (Berlin, Gemäldegalerie). Elle enseigne le dessin aux enfants du duc d’Orléans, qu’elle portraiture à plusieurs reprises, notamment en 1819, 1822 et 1827. A la mort du baron Gérard en 1837, elle termine ses commandes, et continue de vivre avec la famille du peintre. Elle expose à tous les salons de 1800 à 1847 et y reçoit plusieurs médailles.
Notre toile représente les deux filles du peintre Pierre-Maximilien Delafontaine (1774-1860) et d'Emilie Claudine Herbillon. Ce dernier, lui aussi élève de David, est contraint d’interrompre sa courte carrière de peintre pour suivre la voie de son père, fabricant de bronzes. A gauche, l’ainée Louise Christine de Lafontaine (1802-1883) avait épousé deux ans avant la réalisation de notre tableau, en 1820, Constant-Fénelon Le Tellier, libraire et homme de lettre. A droite, la cadette, Louise Amélie (1805-1882), se mariera en 1839 avec le peintre Merry-Joseph Blondel, Grand Prix de Rome en 1805 et qui a reçu de nombreuses commandes des grandes institutions publiques. Ensemble, ils prendront le chemin de Rome où, Ingres, alors directeur de l'École, les accueillera pendant les quatre mois que dure leur séjour.
Toutes deux sont vêtues de robes de style Empire aux manches courtes bouffantes en organza, rouge pour l’une, blanche pour l’autre. Des fleurs ornent leurs cheveux. Leurs regards doux, leurs sourires discrets, le geste tendre de la main de l’une délicatement posée sur l’épaule de l’autre, leurs visages proches, légèrement inclinés expriment la complicité entre-elle, mais aussi avec la peintre. Celle-ci a choisi un cadre resserré sur les figures qui confère une atmosphère douce et intime à la scène. Au delà de cette finesse psychologique, l'artiste montre ici une technique virtuose dans le modelé des visages, la vivacité des regards ainsi que la transparence irisée de l'étole vaporeuse. Elle réchauffe son héritage néoclassique par une touche du romantisme naissant, qu'intensifie l'ouverture sur un ciel mélancolique. Celui-ci aère la composition et apporte une certaine profondeur à ce double portrait.