Mardi 28 oct. 2025 - AUDAP & ASSOCIES - Paris

Juan SOREDA (actif en Castille de 1520-21 à 1546-49)

Saint Jean Baptiste

Panneau

80 x 51 cm

Sans cadre

Estimation : 8 000 - 10 000 €

ETAT

Revers : le panneau est constitué de deux planches assemblées à joints vifs et renforcées par de la filasse ; on relève la trace d’une ancienne traverse de 8,5cm de large placée à contre-fil à 17cm du haut du panneau. Plusieurs clous anciens destinés à la maintenir et dont la tête a été sectionnée, sont encore visibles. L’enlèvement de l’un d’eux a occasionné une entaille dans le panneau dont l’impact se retrouve au recto sur le bras droit du saint.

Surface picturale : bon état malgré l’accident sur le bras droit et un vernis moderne recouvrant toute la surface du panneau.

Le précurseur du Christ apparait en pied au premier plan, au sein d’un paysage boisé, près d’une source se déversant dans un petit bassin, sans doute allusion à l’eau du baptême. Vêtu de la melote en poil de chameau que recouvre une ample draperie nouée sur l’épaule gauche, le saint tient en main le livre sacré où repose l’agneau, symbole du Christ, le montrant de son index droit selon le texte de Jean (1,29) « Regardez, voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde »

Dans une nette position de contraposto entrainant dans sa torsion et son élongation la draperie du manteau et le geste du bras droit, ce saint Jean Baptiste arbore un visage ovale barbu, un regard frondeur et une chevelure hirsute. Cette véhémence traduit le caractère autoritaire de l’injonction et permet de replacer cette oeuvre dans le courant maniériste castillan du début du XVIe siècle. On en rendra la paternité à Juan Soreda, l’un des représentants de ce style dans la région de Valladolid.

Longtemps connu sous le nom du Maître de Olivares del Duero, puis confondu avec Juan de Pereda, Juan Soreda, peintre d’origine catalane ou valencienne se forma dans le cercle de Pablo de San Leocadio et des Osona. Son premier style reflète l’influence de Juan de Borgoña particulièrement sensible dans le retable de Bolea (A. Padron Merida , « El retablo de Bolea y sus autores », in Goya, Madrid 1994, n°241-242, p.22-31). Installé en Castille au début du XVIe siècle, il assimile progressivement les modèles italiens (Raphael, Leonard, Michel Ange ) diffusés à travers des séjours possibles en Italie mais aussi par la connaissance de gravures. Documenté à Sigüenza entre 1520 et 1528, il y exécute le retable de Santa Librada, (1526-1528) marqué par un raffinement raphaelesque, et une prédelle avec des Apôtres où la vigueur de Michel Ange commence à se manifester. (Cf.Ana Avila Padron, « El pintor Juan Soreda, estudio de su obra » in Goya,1979, p.136-145)

On rapprochera notre Saint Jean Baptiste du saint Pierre de cette prédelle (cf.Avila Padron op. cit. pl.VI, p.139) dont le corps dynamique et le regard pénétrant qui s’en dégagent permettent de situer l’exécution de notre panneau dans la troisième décennie du XVIe siècle après1520 au retour du voyage de Soreda en Italie et avant sa participation au retable de Olivares del Duero où la puissance anatomique, le goût du nu et la dramatisation (ex. Martyr de saint Pélage) orientent davantage son art vers Michel Ange.(cf. J.J. Martin Gonzalez, « Actualidad del retablo mayor de Olivares del Duero » Boletin del seminario de estudios de arte y arqueologia, 1987, N°53 p. 372-374).