Mercredi 23 avr. 2025 - CHAUVIRE ET COURANT - Angers
Fra Stefano da CARPI (Reggio Emilia 1710 - 1796)
Martyre de saint François ; Saint François rescuscitant un enfant
Paire de toiles
77.5 x 48 cm
en bois sculpté redoré, travail du 18e siècle
Estimation : 6 000 - 8 000 €
Giuseppe Barnaba Solieri se forme dans sa ville natale auprès du français Louis de la Forest, puis étudie à Bologne avec Giuseppe Maria Crespi, Francesco Monti et apprend la sculpture chez Giuseppe Mazza. En 1736, il entre dans l'ordre des capucins de Carpi et prend le nom de Fra’ Stefano, passant, au cours de sa vie, d’un couvent à l’autre de sa région pour les embellir. Son activité est multiple : il a travaillé comme peintre de retables et de décors, a été sculpteur, participant avec les meilleurs peintres de quadrature, maitrisant autant de techniques différentes. Le trait dominant de son style est une façon souvent ironique d'humaniser le fait sacré, possédant une profonde liberté d’expression anticonformisme. Il fait parfois appel à des citations de grands maîtres tels que Crespi, Véronèse ou Giambattista Tiepolo. Il reçoit des commandes des ducs de Modène, Francesco III et Ercole III d'Este, de tableaux profanes et de rideaux de théâtre (esquisse au musée des Beaux-Arts de Brest).
Notre paire illustre deux épisodes de la vie des saints capucins. Le premier tableau représente Saint Félix de Cantalice ressuscitant un enfant mort dans un puits, un sujet que Fra’ Stefano da Carpi a peint à diverses reprises et qui est parfois confondu avec un miracle de Saint Serafino da Montegranaro. Deux d'entre-elles sont conservées à Reggio Emilia, au Museo dei Cappuccini, une en grisaille datée vers 1752 (113 x 97 cm) et un grand format, vers 1780, dans une composition différente (210 x 130 cm), et un autre retable dans le couvent des Capucins de Fidenza. Saint Félix de Cantalice est le premier membre de l'Ordre des Capucins à avoir été canonisé en 1712, en raison de son dévouement aux pauvres et aux enfants et pour ses guérisons miraculeuses. On rapprochera la figure de la mère priant en bas à gauche, au raccourcis et profil bien dans la tradition de Ludovic Carracci, Guerchin et Donato Creti, au motif identique dans le tableau d'autel de Fra' Stefano de Fidenza.
Le second tableau décrit l’assassinat de saint Fidèle de Sigmaringen par un soldat autrichien et protestant, durant une révolte en Suisse, thème que l’artiste aussi traité en gravure (un exemplaire à la Bibliothèque Poletti à Modène). Au-dessus de lui, on voit un ange tenant la palme et la couronne du martyre, ainsi que la Vierge à l'Enfant, saint Jean-Baptiste et saint Augustin évêque. Le motif de la Vierge à l'Enfant se retrouve à l'identique dans le dessin de notre artiste, Étude pour la Madone du Museo Civico de Carpi. Fra Stefano a traité cet épisode plusieurs fois : on connaît une version à Reggio Emilia (Museo dei Cappuccini, 178 x 119 cm) et encore une autre réalisée en 1759 pour le couvent de Vignola. Notre composition s’inspire du célèbre Martyre de Saint Pierre de Vérone aujourd’hui perdu de Titien. Saint Fidèle de Sigmaringen figure aussi parmi d’autres saints dans le retable de Fra’ Stéfano conservé au Dôme de Milan, ainsi que dans d’autres œuvres perdues citée par les sources (catalogue de l'exposition Fra' Stefano da Carpi (1710-1796), Teatro Municipale, Reggio Emilia, 1979, ouvrage dans lequel nous avons puisé les informations contenues dans cette notice).