Saturday 28 Jun 2025 - HÔTEL DES VENTES DE MONTE-CARLO - Monaco

Guillaume GUILLON LETHIERE (Marvejols, 1760 - Lyon, 1832)

Boissy d'Anglas saluant la tête du député Féraud

Huile sur sa toile châssis et cadre d'origine

80 x 105 cm

<p><span style="letter-spacing: normal; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: rgb(0, 0, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">Signé en bas au centre : <i>Le Thiere</i></span></p><p><font color="#000000" face="Arial, Helvetica, sans-serif" size="2"><span style="caret-color: rgb(0, 0, 0);">Marque de la toile au dos : </span></font><i style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;">A LA PALETTE D'OR / ancienne maison / REY / BRULLON / Succr de M. DELARUE / Rue de l'Arbre Sec / N°46 / A PARIS</i></p>

dans un cadre de style Restauration, redoré

Estimate : 40 000 - 60 000 €

Provenance :

Inventaire après-décès de l'artiste du 23 juillet 1832 parmi les objets légués à Mélanie d'Hervilly (archives nationales, MC/ET/XCIX/887)

Vente d'Hervilly, Paris, Hôtel Drouot, 20-21 février 1878, n°75 (vendu à Mr Lainé)

Vente M.L.D à l'Hôtel Drouot, 15 juin 1910, n°40

Famille Boissy d'Anglas, par descendance.


Bibliographie

F., "Concours pour le troisième tableau destiné à la Chambre des Députés", Journal des Artistes, 3 avril 1831, p. 258.

F., "Concours pour le troisième tableau destiné à la Chambre des Députés. (Deuxième article)", Journal des Artistes, 10 avril 1831, p. 272.

Marie-Claude Chaudonneret, L'état et les artistes : de la restauration à la monarchie de Juillet (1815-1833), Paris, Flammarion, p.206 à 208.

Catalogue de l'exposition Guillon Lethière Né à la Guadeloupe, Clark Art Intitute, Paris, Musée du Louvre, 2024, p.79, 378, 382 (oeuvre perdue)


Afin de décorer le mur de la salle des Séances de la Chambre des députés au Palais Bourbon, un concours est organisé par l'Etat en septembre 1830. Le programme iconographique est confié au ministre de l'Intérieur Guizot ; celui-ci choisit trois thèmes, correspondant à trois tableaux distincts, illustrant l'histoire législative pendant la Révolution française. Guillaume Guillon-Léthière participe à l'épreuve pour l'un des trois sujets : Boissy d'Anglas saluant la tête du député Féraud. Il présente cette esquisse aux cotés de cinquante-trois participants, parmi lesquels figurent Eugène Delacroix (Bordeaux, Musée des Beaux-Arts), Alexandre-Evariste Fragonard (Paris, musée du Louvre), Nicolas Sébastien Maillot (Reims, Musée Saint-Denis), Joseph Auguste Tellier (Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon), Felix Auvray (Valenciennes, Musée des Beaux-Arts), Alphonse Roehn (Tarbes, Musée Massey), Thomas Degeorge (Clermont-Ferrand, Musée Bargoin) et Joseph-Marie Court (vente à l'hôtel Drouot en 2008). C'est Auguste Vinchon qui remporte le concours avec son ébauche, aujourd'hui conservée au Musée des Beaux-Arts de Tours. 

La scène représentée sur notre tableau se tient dans la salle de la Convention Nationale correspondant à la Salle des Machines aux Tuileries, en fait un théâtre. Le 1er prairial en III (20 mai 1795), les parisiens affamés envahissent la Convention. Féraud, député des Hautes-Pyrénées, s'oppose à l'émeute et se fait abattre par un coup de pistolet. Sa tête est tranchée puis présentée au bout d'une pique au président de séance, Boissy d'Anglas. 

Le 10 avril 1831, le Journal des Artistes publie une critique du concours dans laquelle notre tableau est explicitement décrit : "M. Lethière, le seul académicien qui ait pris part au concours, se distingue par une belle et grande disposition et par une entente qui n'appartient qu'à l'homme de talent. Mais, par suite de certaines habitudes d'école, il a fallu donner aux révoltés de l'an 4 un costume à moitié romain, et quelques poses académiques. M. Lethière a commis, sans doute sciemment, un anachronisme en donnant à ses députés une sorte de manteau antique et une coiffure assez pittoresque, qui ne furent adoptés que deux ans plus tard, sous le Directoire. Un des secrétaires se voile le visage de son manteau, comme dans le tableau de Brutus, pour ne pas voir la tête de Ferraud. Le geste de Boissy d'Anglas est équivoque..."

Notre tableau constitue l'une des dernières œuvres exécutées par Léthière, disparu un an après la présentation de cette esquisse. L'artiste, considéré autour de 1800 comme un rival de David, se confronte ici aux jeunes peintres de la jeune génération romantique. On le rapprochera du La Fayette présentant Louis-Philippe au peuple de Paris (vers 1830-1831, Tokyo, Fudji Art Museum). Les cartels et le catalogue de l'actuelle exposition Guillon Lethière, au musée du Louvre, soulignent sa nouvelle vitalité dans ces années de la Restauration et remarquent "à soixante-dix ans passées, sa capacité à s'adapter à l'imagerie d'un nouveau régime et à suivre l'évolution stylistique de la peinture d'histoire à sujet contemporain".