Saturday 30 Nov 2024 - HÔTEL DES VENTES DE COUTANCES - Coutances

Ecole du Haut Rhin vers 1525

La Crucifixion avec des fous

panneau de mélèze, une planche, non parqueté

36 x 20 cm

Dimensions de la vue : 34,2 x 18,3 cm Longue inscription en gothique allemand : <i>Fliegend gedenck die Bild der Sünd</i><div><i>Bekümrend ser doch kan sii Fünd</i></div><div><i>Si kempft mit Cristi Kreutzes Krafft</i></div><div><i>Glob Hoffnung Lieb in ir Sünde hasst</i></div><div><br></div><div>(L'image du péché se rappelle à nous en volant; Très triste, mais elle peut trouver; Elle lutte avec la force de la croix du Christ ;  Foi, espérance, amour en elle, le péché hait).</div><div><br></div>

Frameless

Estimate : 10 000 - 15 000 €

Cette petite crucifixion inédite doit être rattachée à deux panneaux conservés au musée d'Unterlinden à Colmar. Ils représentent des scènes liées au portement de la Croix (acquis en 1988, inv. 88.13.1 et inv. 88.13.2). Outre des dimensions similaires, ils possèdent une présentation identique du texte en lettres gothiques en bas et la même bordure rouge (un élément assez fréquent dans le Rhin Supérieur et en Allemangne du Sud) . Dans le premier, deux religieuses  sont devant une mère supérieure, dans l'autre une soeur, où une sainte, est flagellée par le Diable et tient la Croix avec le Christ. Ils s'agit de sujets de pénitence, où apparaissent le Christ et le diable, "Ces panneaux auraient pu autrefois être accrochés dans la salle capitulaire, lieu de pénitence rituelle et d'instruction des novices."

Un troisième élément de cet ensemble est conservé au Spencer Museum of Art à Lawrence (The University of Kansas), on découvre un mourant dans son lit avec la religieuse qui lui montre la Croix,  à laquelle on présente une hostie.

Les trois personnages à droite tiennent des marottes qui les associent à des fous. Cette iconographie est diffusée par l'Eloge de la Folie d'Erasme publiée à Strasbourg en août 1511chez Mathias Schurer. Une des premières impressions du texte, en 1511, est illustrée des planches d'Hans Holbein l'Ancien. Trois ans plus tard, en 1514, l'ouvrage est réimprimé à Bâle par le libraire éditeur Johann Froben et illustré cette fois par son fils, Hans Holbein le jeune (ce dernier réalisé un portrait d'Érasme en 1523, musée du Louvre). La satire d'Erasme dénonce les vices et les abus l’Église romaine et de ses théologiens. Il pose la question de savoir comment la philosophie du Christ, sa sagesse, son humanité avaient-elles pu engendrer autant de monstruosités et de guerres. Érasme écrit : « Je parle en fou sachant bien que c’est le privilège des fous de proclamer seuls la vérité sans choquer ». Conformément à la tradition médiévale, le fou, l’aliéné est celui qui dit la vérité. Les bouffons, « par leur liberté de langage », corrigent les travers de leur temps.

Notre tableau est à situer dans l'ambiance des prémices de la Réforme, dans une région où on conteste l'église et les ordres monastiques, où on considère que la religion qui est devenue une folie. 

Bibliographie : Krone und Schleier. Kunst aus mittelalterlichen Frauenklöstern, Essen, Ruhrlandmuseum : « Die frühen Klöster und Stifte, 500-1200 », Bonn, Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland : « Die Zeit der Orden, 1200-1500 », 19 mars–3 juillet 2005, cat. n° 420 a et b, p. 480 repr.