Wednesday 18 Jun 2025 - ADER NORDMANN & DOMINIQUE - Paris
Attribué à Albrecht BOUTS (1451 - 1549)
Le Christ de douleur
Panneau de chêne, une planche, non parqueté (peint au revers avec la marque de collection)
37.4 x 28.5 cm
<p>Porte au revers la marque de la collection de <span style="letter-spacing: 0.01em;">Dona Aldonza de Tolède</span></p>
Ancient restorations
Estimate : 60 000 - 80 000 €
Provenance :
Collection de Dona Aldonza de Tolède avant son mariage en 1533 avec don Juan de Fonseca, 21e seigneur de Azala (selon la Revue du Louvre et des Musées de France, n° 4-5, 1964) ;
Vente de la collection de M. X... (Cacaret), Paris, Hôtel Drouot (Mes Dubreuil et Pacquet), 22 mai 1914, n° 6, reproduit (Ecole de van der Weyden, Le Christ couronné d'épines, La Vierge de douleur, deux panneaux formant pendant sur fond d'or. Annotation 3905 fr pour la paire à M. Berard).
Bibliographie :
Catalogue de l'exposition Blut und Tränen. Albrecht Bouts und das Antlitz der Passion, Luxembourg, Nationalmuseum für Geschichte und Kunst du 7 octobre 2016 au 12 février 2017 et Aachen, Suermondt-Ludwig-Museum, du 8 mars au 11 juin 2017, cité sous le n° 12 (pendant du Mater Dolorosa du musée des Beaux-Arts de Tours, vente Paris en 1914).
Notre panneau est le volet droit de la Vierge de douleur conservée au musée des Beaux-Arts de Tours (ill. 1), donné en 1963 par Octave Linet au musée des Beaux-Arts de Tours. Le Christ et la Vierge sont réunis jusqu'à la vente "Cacaret" de 1914, achetés par "Bérard". Ils sont séparés entre 1914 et 1952, date à laquelle La Vierge est exposée seule à la Galerie Charpentier, prêtée par Octave Linet (école de van der Weyden).
Il apparait que Octave Linet et une certaine "Madame Berard" se retrouvent sur le même livre de comptes du marchand américain Knoedler, représentant de Goupil à New York. Octave Linet confie un tableau de Jan van Huysum à la galerie Knoedler en 1925 et Madame A. Bérard confie deux tableaux de Renoir à Knoedler en 1936 et 1938 (voir Getty Provenance Index). Knoedler aurait pu être dans les années 1920 et 1930 à l'origine de la séparation des tableaux. Notre panneau et celui de Tours possèdent la même marque de sa propriétaire Aldonza de Toledo, ce qui témoigne de la présence bien étudiée de nombreux tableaux flamands en Espagne au seizième siècle.
Albert Bouts est le second fils de Dirk Bouts, et comme son père il fait sa carrière à Louvain. Il a décliné à de nombreuses reprises un prototype de son père Dirk Bouts créé dans les années 1450 et utilse très souvent ce gaufrage feint pour son fond d'or. Il existe alors une forte demande pour ces diptyques de dévotion qui permettaient d’accompagner les fidèles dans leurs prières quotidiennes et qui peuvent facilement être transporté lors de voyages de leurs propriétaires. Leur production est liée au courant de spiritualité chrétienne de la “Devotio Moderna », qui privilégie le pathos et l’idée de sacrifice du Christ. Cette pratique recommande la contemplation individuelle pour accéder au salut. Sur notre panneau, le Christ est représenté en buste, de face, les mains croisées sur la poitrine. Son visage émacié exprime une douleur silencieuse. Une couronne d’épines ceinture son front de gouttes de sang qui ruissellent lentement, tandis que des larmes coulent de ses yeux rouges et perlent ses joues
Parmi les paires qui sont parvenues complètes citons celles du : -Musée du Louvre, Inv. 1994 et Inv. 1986 -Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage, Inv. 4118 (copie) -New-York, Metropolitan Museum of Art, Inv.71.156 (réplique de l’atelier de Dirk Bouts) -Londres, National Gallery, Inv. 712 (atelier de Dirk Bouts) -Louvain M. Museum (atelier de Dirk Bouts) -Tokyo, Musée national d’art occidental, Inv. 73D73 (copie d’après Dirk Bouts) -Cracovie, Musée Czartoryski (copie d’après Dirk Bouts).
La radiographie infra-rouge de notre panneau (ill. 2) montre un dessin et pas l'utilisation d'un poncif.
Nous remercions Peter van den Brink d'avoir validé l'attribution à Albrecht Bouts et d'avoir comparé notre tableau avec celui de Tours.