Thursday 12 Dec 2024 - TAJAN - Paris

Anton Von MARON (Vienne 1733 - Rome 1808)

Portrait de Maria Feodorovna (1759-1828)

Toile ovale

58.5 x 51.5 cm

Ancient restorations

Estimate : 40 000 - 60 000 €

Notre toile est un témoignage unique d'un portrait de Maria Feodorovna, âgée de vingt-trois ans, pris sur le vif, préparatoire à un grand portrait en pied de la future impératrice, détruit lors de l'incendie du palais de Gatchina durant la deuxième guerre mondiale.


En 1781, la grande duchesse et son époux le tsarévitch Paul entament un voyage, sous le nom d'emprunt de Comte et Comtesse du Nord, de quatorze mois en Europe. Traversant la plupart des pays du continent, ils visitent la cour de Versailles, puis sont à Rome du 25 février jusqu’au 16 mars 1782. A leur retour et à l’occasion de la naissance de la princesse Alexandra, Catherine II fit don, à son fils le tsarévitch Paul et à sa belle-fille, du palais de Gatchina (1).

Lors de leur séjour dans la ville éternelle, le jeune couple passent commande à Pompeo Batoni de deux grands portraits, aujourd’hui non localisés, mais connus par des copies de Johann Gottlieb Puhlmann ( vers 1782, Darmstadt, SchloBmuseum). Ils sont accompagnés dans ce Grand Tour par le prince Nikolaï Borissovitch Ioussoupov, lui même grand mécène, qui passe cette exceptionnelle commande. Le prince et son épouse accordent des séances de poses du 12 au 15 mars 1782, auxquelles les artistes du cercle de Batoni, âgé alors de soixante-douze ans, ont probablement été conviés. Il fallait fixer rapidement les traits des modèles qui allaient partir et rentrer en Russie. Batoni termina les deux portraits dans son atelier. Lorsqu'il sont expédiés en Russie en avril 1784, les archives romaines signalent que leur transport est groupé avec deux portraits en pied du grand duc et de la duchesse par Anton von Maron (2).


Stylistiquement, notre toile est bien redevable à ce dernier, présentant l'élégance des études "ad vivum" de Mengs, aux visages achevés et aux fonds plus brossés, et différentes de la matière plus porcelainée de Batoni. Elle montre que l'effigie a été prise avec brio d'après nature devant le modèle.


Marie Feodorovna, née Sophie-Dorothée de Wurtemberg (1759-1828), épouse le tsarévitch Paul Petrovitch, héritier du trône impérial, en 1776. Belle-fille de Catherine la Grande, elle s'intégra à la cour russe après s'être convertie à l'orthodoxie. Elle donna à Paul dix enfants, dont les tsars Alexandre Ier et Nicolas Ier. Connue pour sa culture et son élégance, elle joua un rôle important dans les cercles artistiques et philanthropiques de l'époque, commanda des oeuvres à de nombreux artistes dont Hubert Robert. Elle fut impératrice consort de Russie de novembre 1796 à fin mars 1801.

Fils de peintre, Anton von Maron étudie à l'Académie de Vienne de 1741 à 1744. Il s'établit à Rome à 24 ans où il devient l'élève puis le collaborateur d'Anton Raphael Mengs. Il prend la tête de l'atelier lors du départ de son maître à Madrid en 1761, se spécialisant dans le portrait. Il est admis à l'académie de Saint Luc en 1766 et peint l'année suivante le célèbre Portrait de Johann Joachim Winckelmann (Weimar, Schloss Weimar). Un court retour à Vienne en 1772-1773 lui donne l'occasion de réaliser plusieurs portraits de la famille impériale autrichienne. Après une carrière triomphale, son style passe de mode dans les années 1790, éclipsé par le néo classicisme ambiant d'Angelika Kauffmann. Sa longue carrière fait l'objet d'une réhabilitation depuis plusieurs années et l'acquisitions de ses oeuvres dans des grands musées (Paris, musée du Louvre, 1997; Houston Museum of art, 1999, Ightham Mote -Kent-, National Trust, 2006).