Tuesday 26 Nov 2024 - DAGUERRE - Paris
Lucien LEVY- DHURMER (Alger 1865 - Le Vésinet 1953)
Portrait d'Eugénie Meurlot-Chollet en robe rose
Pastel
107 x 150 cm
signé et daté en bas à gauche "Lévy-Dhurmer/1914"
Estimate : 60 000 - 80 000 €
Provenance :
Provenance :
Vente, Salons et Symbolistes, Arts décoratifs 1900-1930, Hôtel Drouot, 24 novembre 1975, M. Georges Pillias, (18 000 frs).
Bibliographie :
Un peintre de la femme : Lévy-Dhurmer, "Nos loisirs", 1er novembre 1920, p. 424, repr.
Lucien Lévy-Dhurmer, célébré pour son œuvre d’un symbolisme très personnel, fut également un portraitiste réputé. Représentant principalement, dans les années 1880-1890, ses amis artistes, tels Georges Rodenbach, Pierre Loti ou encore l’actrice Marguerite Moreno, il se diversifia au tout début du XXe siècle et toucha une clientèle élégante et mondaine. Ces portraits, à la fois « intimes et visionnaires », pour reprendre le titre de l’exposition au Grand Palais à Paris en 1973, montrent l’originalité de la perception de Lévy-Dhurmer et sa capacité à suggérer sans décrire.
Le portrait d’Eugénie Meurlot-Chollet est un excellent exemple du talent de portraitiste de l’artiste. Il représente une jeune femme moderne, aux cheveux courts et libres. Portant une robe et un collier aux couleurs vives, elle apparaît sur un arrière-plan aux tonalités ocres, d'un flou qui l'enveloppe d'une atmosphère vibrante et immatérielle. A la fois vaporeuse et sensuelle, elle penche vers le peintre, avec une grâce de félin, son visage partiellement masqué par sa chevelure, et fixe sur lui un regard à l'expression indéfinissable. La position de sa main gauche, qui semble prête a saisir, suggère un désir de domination. Sa grande beauté, son charme et son pouvoir de séduction attirent et fascinent. Sphinx ou femme fatale ? On ne peut que penser à ces deux figures majeures du mouvement symboliste en contemplant le portrait d’Eugénie Meurlot-Chollet.
Jenny Meurlot (1875-1960), connue sous le nom d'Eugénie Meurlot-Chollet, était peintre amateur, élève de Jules Chéret. Proche des créateurs symbolistes et Art Nouveau, elle était renommée dans le Paris mondain comme l’une des muses de René Lalique dont elle contribua à promouvoir les bijoux.
Mécène, elle créa une résidence d’artistes dans sa Villa « Pax » à Boulouris-sur-Mer, Saint-Raphaël. Elle y accueillit entre autres les peintres Alfons Mucha, Jean Veber, Lucien Lévy-Dhurmer et Raoul Dufy, les écrivains Jean Lorrain et Raoul Hermann, sans oublier ses amis Jules Chéret et René Lalique. Sarah Bernhardt y résida trois mois, en convalescence à la suite de l’amputation de sa jambe. Le peintre polonais Jan Styka faisait partie de ses proches. On connait de lui deux portraits la représentant. L'un, Sapho, portrait d’Eugénie Meurlot-Chollet, est conservé au Smart Museum of Art, University of Chicago.
Collectionneuse, elle constitua avec son époux, Monsieur Chollet, une importante collection d’œuvres d’art qui comprenait notamment des tableaux et dessins de Lucien Lévy Dhurmer et de Jules Chéret. Certaines de ces œuvres, dispersées aujourd'hui, sont conservées dans des musées à travers le monde.