Monday 11 Nov 2024 - BAYEUX ENCHERES - Bayeux
Constance Marie CHARPENTIER (Paris 1767 - 1849)
Quatre portraits d'enfants
Suite de quatre toiles (Belot)
24.2 x 19 cm
Signées et datées <i>1818</i>, l'une signée <i>V Charpentier</i>
Estimate : 7 000 - 9 000 €
Constance-Marie
Charpentier, née Blondelu, est la fille unique d’un marchand-épicier parisien.
Élevée dans un milieu aisé et lettré, elle se tourne vers l’enseignement
artistique. Entre 1777 et 1787, elle apprend le dessin auprès du graveur
Georges Wille (1715-1808), avant de rejoindre l’atelier de Jacques-Louis David
(1748-1825) en 1787. Certaines sources mentionnent également un passage chez
François Gérard (1770-1837) et Louis Lafitte (1770-1828).
Dès 1787,
Charpentier aspire à intégrer l’Académie avec un grand format historique. Bien
qu’elle bénéficie du soutien de Jacques-Louis David, sa candidature échoue. Entre
1798 et 1819, elle expose plus d’une cinquantaine de tableaux au Salon de Paris, principalement des portraits et des scènes de genre. Son
premier succès notable intervient en 1801 avec La Mélancolie, l’un des
rares tableaux à sujet historique de son corpus, qui est acheté par l’État lors
du Salon (Amiens, musée de Picardie, inv. M.P.2004.17.133). Elle reçoit une
médaille d’or en 1814, quatre ans avant d’exécuter cet ensemble de portraits
d’enfants. Après sa dernière exposition au Salon de Douai en 1821, Charpentier
décide de mettre sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à
l’enseignement de la peinture aux femmes dans son atelier, situé rue du Pot de
fer Saint-Sulpice (aujourd'hui une partie de la rue Bonaparte) : « Mme
Charpentier reçoit, trois fois par semaine, les jeunes personnes qui souhaitent
bénéficier de ses conseils en dessin et peinture » (Charles Gabet, Dictionnaire
des artistes de l'école française au XIXe siècle, Vergne, Paris, 1831, p.
132).
Au début
du XIXe siècle, le portrait connaît une grande expansion, en phase avec une
transformation de la représentation de la vie privée, notamment dans le regard
des peintres sur l’affection familiale. De plus, le portrait est très en vogue
et se vend bien, ce qui permet aux jeunes artistes, en particulier aux femmes
comme Charpentier, de se faire connaître du public. Ce choix du portrait est
stratégique : il permet de générer des revenus plus facilement et d’affirmer
leur statut d’artistes professionnels. Constance-Marie Charpentier s’inscrit
dans le phénomène de féminisation des beaux-arts, amorcé dans les années 1780
par Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803) et Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842),
deux artistes qui ont profondément modifié les codes du portrait à l’aube du
XIXe siècle (Martine Lacas, Peintres Femmes, catalogue d’exposition,
Musée du Luxembourg, Paris, RMN, 2021, p. 161). Hortense Haudebourt-Lescot, qui
remporte la médaille d’or au Salon dès sa première participation en 1810,
contribue également à la reconnaissance des femmes dans ce domaine.